Suzanne Masson
Elevée au grade de chevalier de l'Ordre du mérite (1975) et Chevalier de la légion d'Honneur (1978).
Un enfance orpheline
Suzanne Masson est née le 25 février 1915 à Nancy. Elle n'a pas connu son père, architecte, mort sur le front de l’Artois en 1914 peu de temps avant sa naissance et fut élevée par leur mère, avec son frère Jacques, né le 2 mars 1913, qui deviendra plus tard Père blanc au Burkina Faso.
Dès 1925, Suzanne passe ses vacances au manoir du Ris, en Bretagne. Très jeune, elle s'engage dans les Guides de France, où elle noue de nombreuses amitiés. Son frère, à l'âge de 17 ans, rejoint les Pères Blancs comme missionnaire.
En 1935, Suzanne Masson fait des études aux Beaux-Arts de Paris afin de devenir sculptrice et travaille parallèlement comme dessinatrice dans une agence de publicité.
En 1939, la guerre arrive et elle se porte volontaire pour diriger un préventorium marin en Bretagne, où elle est confrontée à la situation dramatique des enfants orphelins. Très marquée par cette expérience elle décide de consacrer sa vie aux enfants privés de famille par les bombardements et l'exode.
Elle intègre pour 3 ans les cours de la Résidence sociale de Levallois-Perret pour obtenir le diplôme d'assistante sociale afin de se donner les moyens et la formation nécessaire à ce qui allait devenir le combat de toute sa vie.
Une maison pour ses "enfants de tristesse"
En juin 1943, Suzanne rencontre le père Duval, aumônier des Guides de France, qui dirige l'association Les Orphelins d'Auteuil. Suzanne lui fait part de son projet d'ouvrir une maison pour accueillir les orphelins. Le père Duval lui donne 300 F pour commencer son action en louant une maison à Levallois-Perret, 67, rue Anatole-France.
Entourée de ses amis et de sa famille elle rénove cette grande maison, qui servait alors d'atelier de fabrication de cierge, et on lui offre tout le nécessaire pour faire de cet endroit un lieu de vie famillial.
Trois mois plus tard douze enfants, uniquement des garçons dont l'ainé avait 9 ans, sont regroupés dans cette maison qui leur apporte ce qui leur a tant manqué : une vie de famille gaie et active pour se construire et oublier les traces du passé et de la guerre.
En 1946, Bernard Descamps, étudiant à l'Ecole des hautes études commerciales (HEC), école alors située près de Levallois-Perret, propose de venir l'aider, ainsi que certains de ses condisciples d'HEC.
Découvrir le portrait de B. Descamps
La Porte ouverte
Après plusieurs années passées à Douarnenez pour les vacances d'été, la famille (35 grands et petits) dû quitter la Villa d'Ys pour s'installer temporairement dans un château sur la commune de Lesconil.
Devant les difficultés de logement et les vaines recherche d'un nouvel endroit capable d'accueillir la troupe, elle décide en 1954 de construire au bord de mer une grande maison sur la commune de Loctudy.
La maison s'appellera La Porte Ouverte. Pour la construction Suzanne Masson fait appel à toutes les bonnes volontés. Les ouvriers locaux sont assistés par des bénévoles, une vingtaine d'étudiants d'HEC venus de Paris et bien sûr par les enfants, petits et grands.
Découvrir l'histoire de la maison
Le Mouvement pour les Villages d'Enfants
Le MVE
Pendant toutes ces années ou elle à assumée, aidée des ses amis, la lourde tâche de mère de famille nombreuses il lui parut nécessaire de chercher le concours d'autres femmes, à leur tour disposées à prendre en charge le rôle maternel, pour étendre son action dans les principes d'éducation qui furent les siens au cours de ces premières années.
En 1958, Suzanne Masson et Bernard Descamps créent l'association Mouvement pour les Village d'Enfants avec deux missions phares : protéger les enfants en danger et regrouper les fratries sous un même toit dans un cadre de vie familial autour d'une femme assumant le rôle de mère.
Les premiers villages
Suzanne Masson fait construire par l'architecte Jean Heckly des pavillons pour recevoir des enfants à Cesson, en Seine-et-Marne. L'inauguration a lieu en 1959. Depuis, onze villages sont créés, ayant chacun huit à dix maisons familiales sous la responsabilité de mères éducatrices et de collaborateurs.
A partir de 1958, à son côté travaille Bernard Descamps, diplômé de HEC, puis ordonné prêtre en 1954, détaché par la hiérarchie ecclésiastique pour s'occuper du secrétariat général du Mouvement des villages d'enfants, poste qu’il occupe jusqu'en 1990.
La fondation SALVE
À partir de 1977, elle se rend trois ou quatre fois par an au Liban et au Cambodge pour prendre en charge des enfants orphelins.
En 1981, elle crée la Fondation Salve (organisme d'aide internationale pour les enfants victimes de guerre) qu'elle préside. Cette fondation permet à des jeunes, en France mais aussi au Liban, et au Sénégal, en pologne et au Cambodge, de vivre dans un cadre familial et de poursuivre des études grâce à des bourses.
Le 20 mars 1991, au cour d'un Conseil d'Administration, Suzanne Masson est prise d'un malaise et décède peu de temps après, laissant un vide immense pour ses enfants et petits enfants.
L'association MVE devient Fondation reconnue d'utilité publique en 2006, consécration de l'engagement d'une femme extraordinaire et d'un destin si particulier.